Le mercredi 13 juillet 2022 l’Euro a valu brièvement moins d’un dollar. C’est là premièrement fois depuis sa mise en circulation en 2002 où il avait démarré à 0,88$.
Pendant que les investisseurs misent sur le billet vert, le marché redoute une crise énergétique majeure en Europe, conséquence des relations distendues avec la Russie.
Pourquoi la monnaie européenne chute-t-elle depuis plusieurs semaines ? Qui peut en profiter ou en pâtir ?
Depuis le début de l’année 2022, la valeur de la monnaie européenne a perdu 11% face à la devise américaine, et sera bientôt au même niveau que le dollar. Bonne ou mauvaise nouvelle pour l’économie ? En partie mauvaise, car les importations coûtent désormais plus chères.
Certains secteurs tirent leur épingle du jeu
D’autres secteurs seront toutefois gagnants. Les entreprises du tourisme, notamment, tirent leur épingle du jeu. Avec un euro faible, le pouvoir d’achat des Américains augmente en France. D’autres secteurs, comme l’aéronautique, la chimie ou l’agroalimentaire, en profitent également. Selon les marchés boursiers, la monnaie pourrait encore chuter davantage.
Une chute conjoncturelle
Les arbitrages sont purement financier :
La chute de l’euro est essentiellement liée aux marchés financiers, et n’est pas fondée sur les craintes en zone euro, comme l’on peut le lire souvent. Sans quoi, l’euro aurait dû chuter fortement depuis février dernier. Or ce n’est pas le cas. Cette chute est essentiellement liée aux décalages temporels des politiques monétaires respectives des banques centrales. Ainsi, si la FED pousse ses taux d’intérêts fortement vers le haut depuis quelques mois, la BCE ne va augmenter, et que très modestement (25 points de base) son taux directeur qu’à partir de ce 21 juillet. Ainsi, les investisseurs ont tout avantage à se diriger vers les obligations libellées en dollars, plus rémunératrices, qu’en euros. Ainsi, c’est le billet vert américain qui devient attirant pour les investisseurs.
« Si on regarde depuis le début de l’année, ce n’est pas tant l’euro qui est faible que le dollar qui est fort, traditionnellement parce que le dollar est une valeur refuge quand il y a des conflits internationaux. La preuve de ça, c’est que l’euro a plutôt monté contre d’autres devises comme le Yen japonais ou la livre britannique« , explique François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, sur franceinfo. La remontée des taux directeurs par la Réserve fédérale des États-Unis (FED), a notamment stimulé le dollar.
Conditions économiques en Europe :
Cette inflation, qui dépasse par exemple les 20% dans les pays baltes, est liée principalement aux prix de l’énergie (électricité, pétrole, gaz…) qui s’envolent avec la guerre. La très forte dépendance des pays européens aux hydrocarbures russes alors que le Kremlin menace de couper son approvisionnement accentue la pression sur leur économie et les craintes de récession. Pour preuve, l’agence Standard and Poor’s place la croissance de l’économie en zone euro dans le secteur privé en juin au plus bas depuis 16 mois.
La même BCE qui se fâche en plus avec Joachim Nagel, le directeur de la Banque fédérale d’Allemagne. « Ce dernier critique ouvertement la mollesse de la banque centrale, ainsi que sa clémence sur les dettes publiques des pays européens du Sud », renseigne Marc Touati, président fondateur du cabinet ACDEFI (Aux Commandes De l’Economie et de la Finance).
Sale ambiance, donc, lorsque la première économie de l’euro critique sa propre banque centrale, ce qui n’invite pas à miser sur l’Europe : « Il y a l’idée qu’elle n’avance pas unie et pourrait imploser à tout moment, ce qui a de quoi inquiéter les marchés », note l’économiste.
Cette parité va-t-elle durer ?
La parité 1 euro = 1 dollar est un seuil psychologique très important. En cas de passage sous ce support, l’euro pourrait continuer de chuter fortement.
La principale conséquence, et la plus directe, est que cette chute de l’euro par rapport au dollar alimente l’inflation en particulier sur les prix des hydrocarbures. C’est pourquoi les prix des carburants devraient remonter pour les Européens, même avec l’amorce de cette récession tant annoncée. « C’est plutôt une mauvaise nouvelle car cela va nourrir l’inflation« , explique sur franceinfo Jean-Paul Pollin, membre du Cercle des économistes.
C’est une mauvaise nouvelle pour les Européens. En effet, le pétrole, principal source de l’inflation subie actuellement est coté sur les marchés internationaux en Dollars. Indépendamment donc de la propre variation de son cours, pour un cours donné, un acheteur en euros devra débourser davantage afin d’acheter un baril de pétrole brut. Les autres matières premières, à l’instar du cuivre ou de l’or se négocient également en dollars.
Pour les fonds d’investissements dont les revenus (distribution) sont versés en EUR, et crédités sur les comptes titres des investisseurs en USD, les investisseurs concernés sont également pénalisés.
Ainsi pour le pouvoir d’achat des Européens, les conséquences sont négatives et se font déjà sentir avec l’inflation.
En conclusion, la guerre en Ukraine n’est pas près de s’arrêter, la Fed plus offensive que la BCE, l’Europe qui ne parle pas d’une même voix… Le record de 0,88 dollar pourrait bien tomber. Et donc ? Avec une monnaie faible, les exportations se vendent mieux mais les importations coûtent plus cher. Or, l’Europe importe beaucoup, ce qui ne fait qu’augmenter l’inflation et réduire le pouvoir d’achat.
Ce qui pourrait éviter cela est que les placements financiers reprennent en euro.
Les commentaires ne sont pas ouvert