L’Europe est confrontée à des prix élevés du gaz et à de possibles pénuries alors que les livraisons en provenance de Russie se réduisent. Quelles en sont les conséquences pour les entreprises, la transition énergétique et l’économie de la zone euro?
L’approvisionnement en gaz en Europe est un sujet important qui est loin d’être simple. Autant les sanctions sur le pétrole imposées à la Russie par l’UE se font avec une moindre difficulté, mais pour le gaz russe il semble plus compliqué de sans passer. Beaucoup de pays européen dépendent énormément du gaz russe tel que l’Allemagne et l’Italie.
Mais en plus la situation se complique lorsqu’un important gazoduc, Nord Stream 1 a été fermé pour maintenance en juillet. Ce dernier est désormais rouvert, mais les livraisons de gaz se font à un moindre débit.
Les pays de l’UE présentent des profils très différents concernant les volumes de gaz auparavant fournis par la Russie.
Irene Lauro, Économiste spécialiste des questions environnementales, déclare : « L’UE importe 90 % de sa consommation de gaz, la Russie ayant fourni environ 45 % de ces importations en 2021. L’Autriche et la Pologne ont importé plus de 80 % de gaz russe en 2021 et l’Allemagne plus de 50 %, contre moins de 8 % dans le cas de la France et de l’Espagne. »
Certains pays disposent d’alternatives à la livraison de gaz russe par gazoducs. Des pays comme le Royaume-Uni et l’Espagne disposent d’importantes capacités de GNL (gaz naturel liquéfié), ce qui signifie qu’ils peuvent recevoir des cargaisons de GNL importées. L’Italie a récemment signé une série d’accords gaziers avec l’Algérie.
Cependant, les infrastructures (gazoducs ou usines de regazéification du GNL) ne sont pas toujours présentes pour fournir ce gaz aux régions centrales de l’Europe où les besoins sont les plus importants.
La dépendance de l’Allemagne à l’égard du gazoduc Nord Stream 1 et l’absence d’alternatives fait qu’elle est l’économie majeure la plus exposée au risque de pénuries de gaz. Plus tôt cette année, le gouvernement allemand a dévoilé un plan de rationnement du gaz en trois étapes dans lequel l’offre aux industriels pourrait être réduite afin d’assurer la distribution aux ménages et aux institutions critiques comme les hôpitaux.
Dans un tel scénario, les secteurs à forte intensité énergétique tels que la production de métaux et la chimie seraient les plus touchés à court terme.
Mais cette réduction du gaz au sein de l’UE impacterait tous les pays. En France, on envisage déjà la possibilité de coupure d’électricité. On parle de rationnement, d’économie d’énergie et réduire sa consommation par des gestes ce qui en dit long. Et les entreprises ne seraient pas épargnées. De tels scénarios auront des conséquences directes sur l’économie
L’incertitude face au manque d’énergie impact directement les marchés financiers qui détestent l’incertitude et les cours des actions des sociétés européennes du secteur de la chimie ont de fait d’ores et déjà lourdement chuté.
Mark Lacey, responsable de la Gestion Actions internationales / Ressources naturelles, estime que « l’Europe va devoir faire face à une période de 18 à 24 mois de prix très élevés du gaz et de l’électricité. Elle est devenue le marché de choix pour le gaz durant cette période et va le rester, avec des prix supérieurs à ceux pratiqués en Asie ou aux États-Unis. Cette prime devrait perdurer jusqu’à ce que nous commencions à observer la livraison de nouveaux volumes significatifs à partir de 2024/2025 ».
Les commentaires ne sont pas ouvert